Nous avons reçu cette lettre qui contribue au débat actuel sur la “guerre” de Macron.
Macron a déclaré le 17 mars que nous étions « en guerre » contre le virus.
Je m’élève publiquement contre ces paroles.
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La situation de guerre, ce n’est pas ça. La guerre, c’est des bombes, des drones qui tirent, des chars, des mitrailleuses, etc. Ce que nous vivons n’est pas la guerre.
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Par respect pour les populations, comme celle de la Syrie, celle du Yémen, celle des régions du Sahel, qui subissent des guerres, qui vivent en situation de guerre, il ne faut pas utiliser le mot guerre n’importe comment.
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D’ailleurs, si notre pays était effectivement menacé d’une vraie guerre d’une puissance ennemie, je ne ferai pour ma part aucune confiance à ce monsieur pour défendre le pays et sa population. Dont j’ai constaté qu’il n’a que faire.
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Désigner comme le fait Macron le virus Covi19 comme « notre ennemi » n’est pas juste. Cela participe de la confusion des esprits, propre à aggraver le désarroi. Un virus n’est pas un ennemi ; c’est un danger biologique, dénué d’ « intention », qui apporte du malheur, certes. Ce qui nous arrive est une catastrophe, naturelle pas exactement semblable aux séismes, éruptions volcaniques, tsunamis, sécheresses massives, inondations etc.. mais comme ces phénomènes, c’est une catastrophe naturelle. Que l’ampleur du désastre soit liée à la situation médicale, sanitaire, politique, sociale de nos différents pays, et à l’incurie de nos gouvernants c’est une autre chose. Mais précisément, dans ces temps difficiles, il faut raison garder.
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Et ne pas gober toutes les menteries de nos gouvernants.
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De plus, avec sa phrase sur « la guerre », Macron appelle à l’ « unité nationale » autour de lui et des dirigeants de l’Etat. Il nous la joue Clémenceau puis De Gaulle. Il veut renforcer sa légitimité, bien mise à mal depuis son élection, et mise à mal à juste titre. La mobilisation des Gilets Jaunes et le mouvement de grève contre la catastrophique réforme des retraites ont bien montré cette profonde remise en cause des gouvernants de l’Etat séparé, séparé des gens.
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Au passage, depuis des mois, comme d’autres observateurs, j’ai constaté la tentation de ce président de laisser entendre qu’une situation grave aurait le mérite de rendre un « sauveur » nécessaire à la France (lui, bien sûr). Je vais rechercher les discours et phrases de référence.
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Quant à son premier ministre, Edouard Philippe, il est consternant d’avoir entendu de lui les paroles suivantes le 12 mars : « La vie continue, il faut montrer France est plus forte que le virus ! » Mais quelle « France », monsieur, la « France éternelle », « l’idée de la France », son « génie », etc.… ? Rien de mieux à dire que des fanfaronnades chauvines, selon le triste exemple des dirigeants et parlementaires français du second Empire, à l’occasion d’une vraie guerre militaire, la guerre de 1870 ? Guerre lancée par un autre aventurier, Napoléon III, qui voulut défier la Prusse, sans cause juste, et au bout de quelques mois capitula sur le champ de bataille, avec les conséquences que l’on sait. Les rodomontades nationalistes n’ont jamais rien donné de bien. Le souci de l’intérêt national, n’est, je le pense, nullement du côté de nos gouvernants. Leur prétention à représenter la nation n’est que du chiqué, et si on s’y rallie, désastreux.
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Face au très grand danger de l’épidémie qui est là, ici en France, et dans bien d’autres pays, et qui s’installe dans tous les autres, il y a une lutte à mener, dans laquelle sont mobilisés les soignants, et bien d’autres gens. Il convient de se soucier réellement des gens et de trouver des choses utiles à faire, en plus de protéger les siens. Dans l’urgence. Il n’en reste pas moins que c’est dans un esprit de « zéro confiance » dans ce gouvernement et ce président que cela peut se faire. C’est entre les gens que doit se discuter la question de ce qu’on pense et de ce qu’on peut faire.
19 mars 2020
Françoise, membre du groupe « Nous sommes Quelques Uns »
Texte en PDF : macron 17 mars