Les capitulations et les effondrements moraux de gouvernements européens devant les politiques criminelles d’Etats n’augurent rien de bon. Elles participent de mettre en selle des politiques de haine contre les plus fragiles, politiques du tri, politiques anti-pauvres, xénophobes et racialiste.
Pour y faire face : Quels principes tenir ? Quelles pensée et prise de position possibles sur des situations de guerre dont nous sommes contemporains ? Quels rapports aux autres habitants du pays développer ?
Il s’agit, avec ce texte, dans la situation de confusion totale qui est la nôtre, d’encourager chacun.e à se déclarer, à dire ce qu’il/elle pense, cherche, veut et le mettre en partage.
Autrement il n’y a pas d’échappatoire à la tétanisation générale, à l’effroi du spectateur, rôle auquel on se confine soi-même, face à ce qui est déjà là, et à ce qui vient, avec le constat morbide, malheureusement largement partagé : « on va droit dans le mur ».
« On va dans le mur » signifie pour beaucoup : on va vers des gouvernements qu’on appelle « gouvernements d’extrême-droite », un euphémisme pour ne pas dire leur réalité de gouvernements xénophobes, anti-pauvres, racistes, haineux et prêts à se rallier/se coucher devant des Poutine, des Trump, des Nethanyaou…
Se défaire de ce fatalisme qui mène à l’impuissance, n’est pas chose simple aujourd’hui tant les champs de ruines de la pensée et de l’action possibles sont importants tout autour de nous. Et ce ne sont pas les débris d’un hypothétique possible parlementaire, mis à terre et piétiné par ceux-là mêmes qui s’en servent pour arriver au pouvoir et se légitimer ensuite, qui peuvent nous être d’un quelconque secours.
Ce texte n’a pas pour but de pratiquer une « thérapie », mais bien de tenter, pour moi-même, et peut-être donner envie à d’autres, de formuler ce que je peux attendre de ma propre pensée/action, et de ce que je tente avec d’autres, ici ou là, de faire avancer du point du respect de la vie des gens et de leur capacité possible à transformer la situation.
Un appel donc à formuler, à partir de soi-même, les possibles envisageables, dans ce champ de ruines qu’est la politique du côté des gens aujourd’hui.
Ni pessimisme, ni optimisme, mais tenter de faire ce qu’on pense avoir à faire, et pour cela trouver des chemins dans la situation telle qu’elle est, telle qu’elle se présente à nous.
Alors pour tenir, pour ne pas sombrer il nous faut essayer de démêler quelques points, quelques situations précises, significatives de notre temps, temps historique et temps politique.
Je soumets ici 3 points en travail, et sur lesquels, pour moi, il s’agit de décider et d’agir.
1) Le premier point c’est la question de la guerre en Europe, avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Un vent mauvais souffle actuellement de la part de certains gouvernement européens, et bien sûr du prochain gouvernement Trump. Ce vent mauvais, c’est l’appel aux Ukrainiens à capituler, au nom de la paix, cela sans se soucier de ce que veulent les Ukrainiens eux-mêmes qui depuis bientôt 3 ans tiennent tête à l’armée de Poutine et de l’Etat Russe, les retiennent et les repoussent à certains moments. Certains dirigeants décrètent, dans le dos de ceux qui se battent durement pour leur liberté, pour la libération nationale de leur pays, qu’il faut « la Paix ». De quelle paix nous parlent-il alors que tout le monde sait que Poutine ne s’arrêtera pas à un accord temporaire ? Il le dit lui-même : il veut s’approprier l’Ukraine en entier, petit à petit, mais en entier.
La paix proposée est en fait un appel à la capitulation.
Cette capitulation annoncée, si elle se réalisait, serait un désastre, bien sûr avant tout pour les ukrainiens obligés de survivre sous le joug de l’envahisseur, mais aussi un désastre politique, moral, pour l’ensemble des peuples européens.
Elle ne ferait qu’entériner et appuyer ce que de nombreux gouvernements européens veulent : surtout ne pas entendre, voir, tolérer des peuples debout, affirmant leur volonté d’indépendance et d’émancipation, capables, comme le font des ukrainiens depuis plus de 2 ans, de solidarité, d’entente, d’entraide.
La question du soutien à l’Ukraine, à la volonté d’indépendance des ukrainiens doit devenir une question centrale pour tout le monde. Ce n’est pas une question annexe, « ennuyeuse », qui « nous coûte de l’argent » et qu’il faudrait régler en forçant à la signature d’un « accord de paix » accordant à Poutine et à la Russie sa légitimité sur les territoires annexés par la guerre. La guerre en Ukraine a à voir avec la décision de capituler ou non face à une politique d’Etat criminelle, politique de la force brute. Les enjeux sont considérables quant à comment les subjectivités de tout un chacun, ici et en Europe, vont être marquées de façon durable par les choix opérés.
2) La situation des Palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie.
Il est remarquable que là aussi il y ait une capitulation massive de nombreux dirigeants politiques face aux crimes de guerre que tout le monde connait, voit au quotidien. Ce soutien constant à Nethanyaou et à son gouvernement raciste, identitaire, suprémaciste est effroyable, c’est un acquiescement à l’utilisation de la force brute de la part d’un gouvernement criminel, qui à l’identique de Poutine, n’a que faire des règles de droit international, du droit humanitaire, du droit à la vie et au respect des gens, des civils.
Cela en dit long sur l’état de dégénérescence qui gagne : plus aucun principe, plus aucune ligne rouge, plus aucun rapport à la vie de milliers de gens. Acquiescement devant la politique qui prescrit que toutes les vies ne se valent pas, que certaines comptent et méritent soutien et compassion, alors que d’autres n’ont aucune valeur, ne sont même plus considérées comme des vies humaines, ce qui justifie un traitement barbare et inhumain.
Qu’est-ce qui entraine une telle corruption des esprits, un tel abandon de tout principe quant au respect de la vie de populations civiles ?
En France, ce qui le permet c’est le vaste consensus anti-arabes et anti-musulmans structuré par le RN, soutenu et suivi par Macron et son « socle central ». N’a-t-on pas vu, au nom de ce consensus, le RN, parti historique de l’anti-sémitisme, de la collaboration et du Pétainisme, devenir tout à coup le grand défenseur des Juifs ?
Sortir de la confusion impose de tenir quelques principes précis là-dessus :
- Il ne s’agit pas d’un conflit Juifs/Arabes : il s’agit du déploiement d’une politique criminelle à grande échelle menée par l’Etat Israëlien, qui à ce titre est condamnable et doit être condamnée de manière intransigeante par le gouvernement français.
- Tous les gens qui vivent sur cette terre d’Israel/Palestine doivent pouvoir y vivre à égalité et dans le respect de chacun, de sa vie, de ses croyances, traditions etc… Pour cela l’exemple de l’Afrique du Sud à la sortie du régime d’apartheid est exemplaire.
3) Ces capitulations face aux politiques guerrières et criminelles d’agressions ont des répercussions ici.
Quand les esprits sont enclins à ne respecter aucun principe, aucune valeur humaine, à se coucher devant les aboiements et les injonctions de haine, cela mène au désastre : les petits chefs de haine, et ils sont pléthore aujourd’hui, tiennent le haut du pavé. Ce qui le permet : la xénophobie, l’identitaire, repris allègrement par les Macron et autres.
L’esprit de capitulation et d’effondrement moral ne peut que porter et faciliter la venue du RN et de ses sbires au pouvoir : à trop reprendre ses thèses et ses vieux réflexes de collaboration et de capitulation, on finit par en faire partie.
Il est important, ici, de refuser ce consensus anti-arabes, anti-musulmans, qui structure la vie politique depuis trop d’années et qui permet au RN de tenir le haut de l’affiche.
Il est possible de casser ce consensus xénophobe en affirmant que chaque personne qui vit ici, en France, y a sa place, à égalité et dans le respect de chacune et chacun, quelles que soient son origine, sa couleur de peau, ses croyances etc… Le Pays, ce sont tous les gens qui y vivent. Il n’y a d’avenir positif pour tous que dnas l’affirmation de ce principe.
4) Voilà, pour moi aujourd’hui, les points qui me permettent de tenir dans la situation, en tentant de la penser et d’y intervenir.
Dans la séquence que nous traversons, travailler ainsi permet de démêler les choses et de se sortir de l’état de spectateur tétanisé « par la marche du monde » où l’on risque de se mettre soi-même.
A chacun.e de déterminer ses propres points et de les partager avec d’autres, avec comme questions :
Qu’en est-il de nos propres principes ? Du rapport aux gens qui nous entourent ? Que voulons nous pour notre pays, pour les gens qui y vivent ?
Jean-Louis
01/02/2024
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