Pour cela, déjà se fixer de ne pas adhérer à la politique du tri et de la concurrence entre les gens.
Certains sont tentés d’adhérer à l’idée qu’il faut faire un tri entre les habitants du pays :
Tri entre « vrai » ou « faux » français, tri entre « vrai »ou « faux » précaire, tri entre qui « mérite » d’être soutenu par les pouvoirs publics ou non, tri entre « bon » ou « mauvais jeune », entre « bon citoyen » ou « mauvais », entre « bon ou mauvais » musulman etc…
A ce petit jeu, il n’y a pas d’arrêt, on trouve toujours un nouveau tri à appliquer.
Les politiques gouvernementales depuis Sarkozy, et avec la politique du RN, nous ont amenés de “l’immigration choisie” à “la population choisie”. Ce qui crée méfiance, concurrence et persécution au sein de la population. Cette stigmatisation en particulier des plus précaires, considérés comme totalement responsables de leurs difficultés, s’accompagne d’une injonction à se conformer à des « normes », décidées en haut lieu et ne tenant pas compte des réalités de la vie des gens. (Rappelons-nous par exemple les attaques gouvernementales contre les « mauvais parents » qu’on a entendues au moment de la révolte des jeunes après la mort de Nahel.) Toutes celles et ceux qui ne se conforment pas à ces normes sont soupçonnés de déviance et peuvent être soumis à un contrôle social institutionnel très stigmatisant et pénalisant.
Dans ce texte, nous soutenons le principe qu’il n’y a pas de tri à opérer.
Des lois existent, des règlements dans les administrations existent. Et si ces lois et règlements sont justes et respectueux de la vie des gens concernés, il faut les appliquer, comme cela se fait déjà dans la plus grande partie des cas.
Il n’y a surtout pas à participer de ces débats nauséeux et parfois criminels qui cherchent à montrer du doigt telle ou telle catégorie de la population et à exclure des catégories entières de la communauté nationale. Débats où chacun se sent responsable de surveiller le mode de vie de ses voisins, et pour certains d’aller jusqu’à la délation !
Des personnes choisissent tout autre chose, et indiquent des possibles qui dépendent des prises de position de chacun.e. Des exemples :
- Des enseignants au moment de la mise en place des groupes de niveau et de la séparation des “bons” et des “mauvais élèves” que voulait Attal, ont affirmé et affiché devant leurs écoles que « le tri, c’est pour les déchets, pas pour les élèves ».
- Au moment de la COVID, alors qu’il était question de trier entre les malades, ceux à sauver et ceux à laisser mourir, des médecins et le personnel soignant ont refusé d’opérer ce tri en rappelant qu’ils étaient là pour soigner et tenter de sauver tout le monde.
- Dernièrement devant une école élémentaire de Toulouse des affiches ordurières d’une grande violence s’en prenaient aux enfants et à leurs parents noirs ou arabes, les traitant de tous les noms, demandant leur départ de France et leur mort. Les enseignants et les parents ont réagi, se sont réunis, et ont tapissé le devant de leur école de messages prônant l’égalité et la fraternité.
- Des gens, tous les jours, aident des personnes à monter leur dossier pour les soins, pour accéder à leurs droits dans diverses administrations, pour un titre de séjour, pour un logement décent…
Dans toutes ces prises de position il ne s’agit pas de faire le tri entre les « méritants » et les autres, mais bien de considérer la vie de chacun comme importante et à égalité.
Il faut oser parler, oser en discuter avec d’autres, faire connaître les situations, et les éléments de réflexion et de solution trouvés. On ne peut pas attendre que ça s’arrange, c’est à chacun.e de se prononcer, de dire ce qu’il/elle pense, sans attendre après les autres. Il n’y a pas d’autre façon d’arrêter l’engrenage, mais il est encore temps.
Intervenir, dire ce que l’on pense, ne pas laisser passer, c’est aussi important parce que cela crée de la confiance, cela permet à d’autres de se prononcer, cela permet de se rencontrer, de travailler ensemble, entre gens différents. C’est ce qui s’est passé lors du mouvement des Gilets Jaunes, où beaucoup de gens ont redécouvert la confiance en eux-mêmes et dans les autres et ont pu relever la tête.
A eux-seuls, dans les faits, ces rencontres et ce travail commun, combattent la politique du tri en pratiquant et affirmant une autre idée de la société et du pays qu’on veut, basés sur la justice, l’égalité et la responsabilité de chacun dans sa construction.
N’hésitez pas à nous contacter pour en discuter, échanger, voir ensemble ce qu’il est possible de faire.
Le Journal des Possibles
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